Valentina Paniagua – « Dans ton oeil, un lieu comme une luciole » – poésie sur le deuil
- peaueleclabo
- 9 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 févr.

La musicienne, acrylique sur toile, Iren Mihaylova, 2025.
Je suis bien, tu entends ? Je crois qu’heureuse.
Il faut partir.
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N’entends-tu pas les mots que je prononce ? Heureuse. Presque béate.
Je dis : Béante.
Immobile.
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En moi tout ça ressemble à un morceau de ciel. Pas le frisson d’un désir.
Silencieuse, déjà.
Presque je sens l’arrêt lorsque j’inspire.
Et si nous inventions un amour ? Pas érotique ni mystique, mais sans lèvres et sans mots.
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Le lieu : une clairière, de nuit pour mieux te voir.
Dans ton œil, une brillance s’allume quand il fait noir. Dans ton œil, un lieu comme une luciole.
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Par quoi remplacerons nous les mots ?
Je voudrais par des regards, quelques lents mouvements.
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Dans cette clairière de nuit, toi et moi aimerons ce qui crée de la haine. L’absence, cette hyène grinçante au fond des bois, le poisson aux dents blanches.
Un amour pour tout ce qui est bas. Ce qui n’éclate sous aucun soleil.
Connais-tu la passion pour ce qui est perdu, d’éternelle solitude ? C’est immense d’aimer la perte d’un aussi grand amour.

Le maestro, acrylique sur toile, Iren Mihaylova, 2025.
3.
J’ai une musique au cœur, veux-tu l’entendre ? Si tu es sourd sauf à ma voix, je te la chante.
Elle fait comme ça : succession d’étoiles, puis éclat de jour, un do majeur. C’est triste un peu, assez pour avoir envie de rire.
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Discrète, persistante, elle envahit toute émotion. Joie ou colère : succession d’étoiles, puis éclat de jour, un do majeur. Toi aussi, tu as une musique au coeur.
J’entends un air d’harmonica.
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C’est une musique de solitude, n’est-ce pas ?
Textes : Trois fragments du recueil Dans ton oeil, un lieu comme une luciole, Valentina Paniagua, inédit.
Illustrations : La musicienne, acrylique sur toile, Iren Mihaylova, 2025 ; Le maestro, acrylique sur toile, Iren Mihaylova, 2025, collection privée.
Pour découvrir le travail de peinture d'Iren Mihaylova, rendez-vous sur notre site, dans la section « L'Univers Visuel », sur les pages du prochain numéro de la revue Peau Electrique, « Travail de deuil », en format papier, mars, 2025 ; En illustration du journal d'écriture et de peintures, Iren Mihaylova et Nathalie Straseele, revulivre, «Travail sur le deuil » ; et dans le livre d'art et de pensées poétiques « Navigation Intérieure », Iren Mihaylova et Nathalie Straseele, Peau Electrique, février, 2025.
L'artiste en exposition :
* Paris, Flora Lit, 75014, Paris, France, 3.01-13-01, lecture et entretien (10.01.25 à 19h30) ;
* Melun, Place D, 21.02-9.03, lecture-performance et vernissage (21.02 à 18 h) ;
*Paris, Espace Ysmaïloff, 750015, exposition permanente à partir de mars 2025.

Pour découvrir le travail d'écriture et de traduction de Valentina Paniagua, rendez-vous sur les pages su prochain numéro de la revue Peau Electrique, « Travail de deuil », en format papier, mars, 2025.

Valentina Paniagua s'est formée à la philosophie tout en menant une pratique personnelle d'écriture en théâtre et poésie. Elle fait partie des compagnies Yeux dans les étoiles et Luna lunera, pour lesquelles elle joue et écrit. Elle y mène des projets aux croisement de la poésie et de la scène, en explorant différentes façon d'allier le mot et le mouvement. Elle a également cotraduit le recueil Florilège de la jeune poétesse Selma Meerbaum.
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