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« Où les étoiles manquent de chambres à elles » – Gilbert Bourson – poésie



Est-ce à la lampe ou à la mouche qui traverse

la vive lumière et l’entaille de noir,

que s’adresse cet instant d’abime dans les cils

du temps où se débraille le ciel en celui

qui entre le Jourdain de ses coudes se noie

et fomente ses eaux ? Le débat est monté

sur son char élimé de rien où le vent tourne,

emportant une lettre dans l’arène aride

tressée par la main perdue dans une chair

assiégée par la combustion pyramidale

de la grotte où s’inscrivent les glyphes du Nombre,

comme des poneys que bride l’ordonnance

à pic de la surface avide et où s’abîme

le prochain tournant de la question posée.


***



Des cariatides se peignent dans les déversoirs

de nos rêves, sans ordres de marches et sans

profondeurs, que le sol net et sombre à l’œil nu

et comme un parhélie, où des lignes étirent


un phare qui se couche et se tient sur le coude,

comme une odalisque dégradant les reins

de la pierre angulaire qu’est la symétrie

larmoyante et ripeuse des chauves vertus,


qui se pendent aux givres des fausses cavernes,

où les étoiles manquent de chambres à elles

et d’adages en louvoiements de mille feux

au bal des connivences avec des contrées


en mal de visiteurs, qui ne lisent que fosses

creusées sous leurs yeux crevés par la monnaie

du visible caché par l’écriteau sans sève

d’un délit d’y voir autrement le réel,


et l’écume affolante des contradictions,

férocement pareilles aux fumées du sang

et des baves tigrées sous les dents courroucées

des amantes en proie à leur proie qui transpirent


de seuils d’autres peaux, en jungles odorantes,

et aventures diurnes dans la nuit cinglée

de lianes fourbues par l’alcool des marées,

sans vigie que la joie poisseuse et engluée


dans les draps des encore, des oui en échos

et des plis savoureux qui mouillent en accord

avec les écarts noirs où le Léthé vient boire

sa source et fœtale cascade en son sein.


Textes : Gilbert Bourson. Texte 1 issu de « Passages » ;

Texte 2 issu de « SEMPITERNELLES » ;

Illustration : Espace, acrylique sur toile, 2024.



Pour découvrir plus de textes de Gilbert Bourson, rendez-vous sur les pages du numéro 0 de la revue Peau Électrique en version papier.


Pour découvrir le travail de peinture d'Iren Mihaylova, rendez-vous sur les pages du numéro 0 de la revue Peau Électrique en version papier et dans la galerie : « Univers Visuel » de notre site.


Tous droits réservés.


Gilbert Bourson, né en 1936, a été metteur en scène et

comédien. Il a publié plusieurs livres de poésie, des romans et des essais chez différents éditeurs, notamment

aux éditions du Chasseur abstrait, La Grisière (éditions Saint-Germain-des-Prés), Compact, Z4, Jebca (Boston,

Etats-Unis)Tinbad, Douro/La Bleu-Turquin, et dans la collection « La diagonale de l’écrivain ».

Il a participé à l’anthologie 47 poètes, ouvrage collectif dirigé par Yves

di Manno chez Flammarion. Il a aussi publié dans plusieurs revues : Arpa, Cheval d’attaque, Cahiers du double, Les carnets d’Eucharis, Polyphonie, Substance

(Etats-Unis), Action poétique, Travail théâtral, Les cahiers de Tinbad. Une grande partie de ses œuvres est

publiée au « Chasseur abstrait » Il collabore à la revue en ligne de cet éditeur : La RAL’M. Il vit et travaille en

région parisienne.

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