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« Vivre après avoir tant aimé » – Georgi Slavov – poésie lyrique

Dernière mise à jour : 9 avr.


« L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »

– Jaques Lacan



Une pareille imagination est si rare

Même serrée entre les mains

Le soleil penché sur nos fronts

Et on lamente « le soin »


Tel qu’on entame à l’intérieur

Et nos bras nus qui sont la bêche

La lune – ce soir tamisée à nouveau

Sur son sabre se balancent des Bédouins


Chagrinées nos phrases se récurent

L’une contre l’autre et l’un envers l’autre

Jusqu’à l’aube je soliloquais

Sur le sens de l’existence et de l’amour


Or, enfin très peu il importait

Que les lampadaires en nous s’éteignent

Le fait qu’on s’était jadis aimés est un avis

Et les avis ne peuvent pas te consoler


Ils se forment lorsque mon cœur jaillit

Sous la croute des plaques tectoniques

Les lampadaires s’éteignent dans le ciel ainsi que

dans les ténèbres

Et à l’aube tes mots deviennent amers


Quand elle aura fini avec moi répandez mes restes

Et sur ma tombe en minuscules engravez :

« Je n’ai connu ni les océans, ni les côtes de la mer

Mais je les ai créés au bord de tes lèvres aimées. »


***



Les matelots écrivent dans un océan lointain

Les mémoires d’un étranger, sous ma dictée

J’imagine et je rêvasse les aventures d’un autre

Hélas, je ne retourne pas vêtu d’un manteau doré…


Étranger à moi-même je passe

À travers des mers froides et argentées

Tes appels coloraient cette onde grave

Pour la dernière fois je suis sa trace.


***



Cet artifice antique m’est si familier –

Tu t’absentes et moi je t’aime

Le résultat candide m’est si familier

Et la bonté payée en échéances


Ni lèvres, ni cellules ne se recolleront

A travers les armures froides et moroses.


Le destin est une actrice douée, sans aucun doute

Mais je ne pourrais pas la saluer

Cette providence vaste comme une route paysanne

ne mène pas toujours aux tranchées, je le sais.


Dans un avenir prometteur la Terra sera labourée

Et lors d’un ajournement miraculeux

L’homme comme ultime bataillon

Altérera chaque tranchée en papillon.


Cet artifice antique m’est si familier –

Vivre après avoir déjà aimé.



Textes : Georgi Slavov

Traduits du bulgare par Iren Mihaylova

Peinture : Le travail de la rêveuse, acrylique sur toile, 2023.


Pour découvrir plus de textes de Georgi Slavov et de textes et d'illustrations d'Iren Mihaylova, rendez-vous sur les pages du premier numéro de la revue Peau Electrique en format papier.


Pour découvrir le travail de peinture d'Iren Mihaylova, rendez-vous sur le site, dans la section « L'Univers Visuel ».



Georgi Slavov est un poète, journaliste et musicien bulgare. Diplômé en philologie et en langue anglaise, il étudie actuellement la sociologie. Il est l’auteur de trois recueils de poésie. En 2020, il a remporté un concours de traduction organisé par l’université de Sofia. En 2021, il est nommé pour un prix littéraire national.

Ses poèmes sont traduits en anglais, russe, serbe, bosniaque, espagnol, portugais et français. Traduit de l’anglais et du français.

Passionné par la musique, il joue de la guitare, de la basse et de la batterie.

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